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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 23:12

CotyRené Coty

1954-1959

 

Naissance le 20 mars 1882 au Havre, fils de Jean Coty et de Blanche Sence. Son père est directeur de collège et républicain.
En 1899, il obtient le double baccalauréat en sciences et en lettres, étudiant à l'université de Caen, il obtient une licence en droit et une licence en lettres et philosophie (1899-1902).
Il s'inscrit au barreau du Havre et plaide au civil comme au pénal (1902).

Ses débuts en politique
Il soutient la campagne du député-maire du Havre Jules Siegfried aux élections législatives (1902).


Jules Siegfried
Premier adjoint puis maire du Havre, député et conseillerSiegfried-1918-001.jpg général de la Seine-Inférieur, sénateur et ministre du commerce, de l'industrie et des colonies.
Défenseur de l'habitat social, il est à l'origine de la loi du 30 novembre 1894 qui encourage la création d'organismes d'habitations à bon marché (HBM). Cette loi portera son nom : "loi Siegfried".
Il milite pour le vote des femmes.

Pour en savoir plus : "Jules Siegfried", Gallica BNF link

 

Le 4 août 1907, il est élu Conseiller d'arrondissement (radical et radical socialiste), mais son élection est invalidé. Il sera réélu sans interruption de 1908 à 1919.
Conseiller municipal du Havre jusqu'en 1919 sur la liste "Union du Comité républicain du Bloc des gauches".


Le Bloc des gauches

Issu de l'Union républicaine de Gambetta, Waldeck Rousseau forme un nouveau gouvernement (22 juin 1899). Il regroupe toutes les forces de gauche : "Républicains de gauche", "Radicaux", "Républicains socialistes" et "Socialistes".
Le bloc républicain naît suite à l'affaire Dreyfus (Les présidents de la République - 3eme République : Félix Faure. L'affaire Dreyfus.). Les partis face aux nationalistes doivent durcir leur positions politiques.

Les républicains de gauche sont anticléricaux, c'est l'alliance républicaine démocratique. Les radicaux sont plus individualistes et défendent l'enseignement. Ils sont tous partisans de la "Révolution et de la Justice".
Aux élections municipales de 1901, la droite l'emporte, la gauche doit se réunir, il forme "Le parti républicain radical et radical socialiste".
En 1905, le nombre de socialistes progressent, ils forment la SFIO.


En 1910, René Coty est l'avocat de Jules Durand, syndicaliste mis en cause dans l'assassinat d'un ouvrier non gréviste.

 

Jules DurandDURAND JULESarton707
Pour certains, il est le héros et le martyr du syndicalisme, pour les autres c'est un anarchiste révolutionnaire.
Mais tout le monde s'accorde pour dire que c'est une victime d'une machination patronale et d'une justice de classe.
Surnommé le « Dreyfus ouvrier ».
Docker sur les quais du Havre, il décharge le charbon, il a 30 ans, habite chez ses parents avec sa compagne qui attend un enfant.
Il découvre lors des cours du soir à l'université populaire Blanqui, Proudhon...
Jules relance le Syndicalisme CGT des ouvriers charbonniers.
Leurs réclamations sont modestes et légitimes : des douches, une cantine sur les quais et le paiement de la paye sur le lieu de travail et non pas au comptoir des bistrots où elle est bue immédiatement. Jules ne boit que de l'eau, il fait parti de la ligue antialcoolique ainsi que de celle des droit de l'homme.
La mécanisation du métier de charbonnier se profile, d'abord les bennes automatiques puis l'infatigable machine « Clark » qui en 20 heures fait le travail de 150 ouvriers.
Jules ne s'oppose pas au progrès bien au contraire, l'ouvrier doit selon lui « s'emparer » de la machine et ne pas la briser.
Durand-couv2-e978c.jpgLe syndicat des charbonniers demande une contrepartie aux armateurs : compensation salariale, respect du repos hebdomadaire, paiement des heures supplémentaires.
Les armateurs refusent. En août 1910 c'est la gréve, 3 semaines de réunions journalières, de détournement du trafic, de tension entre grévistes et non grévistes.
Le 9 septembre 1910, suite à une bagarre sur les quais, le contremaître Dongé non gréviste trouve la mort.
Jules et deux de ses compagnons sont arrêtés.
Le procès en novembre 1910 à la Cour de Rouen ne dure que deux jours. Les témoins sont sélectionnés, l'enquête est bâclée, l'instruction est à charge.
Jules est reconnu coupable de complicité d'assassinat avec préméditation. Il est condamné à mort (décapité).
Les auteurs du crime trois charbonniers ivres au moment des faits sont envoyés au bagne, les deux autres délégués du syndicat des charbonniers sont libérés.
Les syndicats, la ligue des droit de l'homme, des parlementaires protestent.
Jean Jaurès écrit de nombreux articles dans l'Humanité. Le procès a des répercussions en Angleterre, aux États-Unis, en Belgique... Des pétitions sont lancées, des marches de soutien sont organisées.
Armand Fallières sous la pression commue le 31 décembre 1910 la peine de mort en sept ans de prison.
Les protestations continuent.
Anatole France accuse « La condamnation de Durand est un crime ». Jules est libéré, la révision est demandée. En 1912, le jugement est cassé, l'enquête de révision confirme bien que c'est une bagarre entre ivrognes et que des faux témoignages ont été montés de toutes parts par la Compagnie transatlantique.
Un arrêt de la Cour de cassation reconnaîtra Jules innocent.
Malheureusement pour Jules, il ne se remettra jamais. Le choc engendré par sa condamnation mais aussi les mauvais traitements subi en prison le font sombrer dans la folie. Souffrant de délire de persécution, il est interné en avril 1911 et ne ressortira pas, il meurt à 46 ans.
Sa compagne Julia meurt à 33 ans, leur fille Juliette née en 1911 est élevée par sa grand-mère maternelle.
René Coty dira : « C'est le remord de ma vie de ne pas avoir été à la hauteur. C'était un pur, un intègre, un apôtre. ».

 

Elu en 1913, conseiller général de la Seine-inférieure, il sera élu jusqu'en 1942.

En août 1914, il s'engage et participe à la bataille de Verdun. En décembre 1919, il se présente à l'élection municipale pour la mairie du Havre, c'est l'échec. Il ne se représentera plus jamais.

Elu député de la Seine-Inférieure en juin 1923 à la suite de Jules Siegfried (Union républicaine).

Sous secrétaire d'état à l'intérieur pendant 10 jours (13/12/1930 au 23/12/1930). En 1932, il devient membre du groupe des élus républicains de gauche et ouvre un cabinet de conseil juridique.

Elu aux élections sénatoriales du 20/10/1935, il s'installe au Palais du Luxembourg le 31/01/1936. Il est inscrit au groupe de l'union républicaine. Il entre aux commissions de la marine, de l'Algérie et du commerce. En 1937, il est à la commmission de la comptabilité.

Pendant l'Occupation, il part en Normandie. En 1943, clandestinement il élabore avec une vingtaine de sénateurs un projet de Constitution destinée à la sauvegarde des institutions républicaines après Vichy.

Le général de Gaulle ne retiendra pa ce projet constitutionnel.

Ayant voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain (loi du 10 juillet 1940), il sera inéligible et devra présenter sa défense devant un jury d'honneur.

Dans sa défense, il mentionnera le refus au gouvernement de Vichy qui souhaitait le nomme maire du Havre et membre de conseil départemental de la Seine-Inférieure :..."Je réfléchis que si je pouvais me considérer comme élu une fois de plus par mes concitoyens, je n'en serais pas moins nommé par le gouvernement de Vichy. Comme parlementaire, comme homme politique, pouvais-je donner même l'apparence de représenter un gouvernement dont je réprouvais la politique ?..."

René Coty est réhabilité par le jury d'honneur le 29/09/1945.

Il est réélu député aux deux assemblées constituantes. Il est membre du parti des républicains indépendants (21/10/1945 au 10/11/1946).

Réélu député de la Seine-Inférieure en 19465, il devient le 24/11/1947 ministre de la reconstruction et de l'urbanisme jusqu'au 10/09/1948.

Réélu sénateur en 1948 puis en 1952, il sera aussi Président de l'union parlementaire européenne.

Le 23 décembre 1953, il est élu Président de la République et de l'Union française.

Son élection

Joseph Laniel (candidat de la droite) est Président du conseil des ministres donc le favori pour succéder à Vincent Auriol (Les Présidents de la République. - 4eme République : Vincent Auriol. Jean Jaurès. Les accords de Munich. Constituante ou Assemblée nationale constituante ), mais Lanier n'obtient pas la majorité, il se retire au 10eme tour au profit de Louis Jacquinot qui n'arrive pas non plus à obtenir la majorité. A son tour, il se désiste au profit de René Coty (qui avait obtenu 71 voix sans être candidat). Au 13eme tour de scrutin, René Coty est élu, il a 72 ans.

 

Le 29 mai 1958, il demande au général de Gaulle de constituer un gouvernement.

La cnstitution de la 5eme République est promulguée le 04/10/1958.

Le 08/01/1959, il transmet ses pouvoirs au général de Gaulle.

Il meurt le 22/11/1962 au Havre d'une crise cardiaque. C'est le général de Gaulle qui prononcera son éloge funèbre lors de ses obsèques nationales le 27/11/1962.

 

Sa famille

Il épouse au Havre Germaine Corblet le 21 mai 1907, fille d'un armateur. Ils auront deux filles et 10 petits enfants.

C'est en tablier, les mains pleines de farine qu'elle reçoit les journalistes venus l'interviewer après l'élection de son mari.

Elle devient très populaire auprès des français et les protestations du public feront taire les méchancetés des chansonniers.

Elle décède le 12/11/1955 d'une crise cardiaque. Sa mort suscitera beaucoup d'émotions et son éloge sera faite à l'Assemblée nationale.

René Coty accepte qu'une cérémonie officielle soit organisée à la Madeleine, 22000 personnes y assisteronts, mais refuse que l'Etat paye les obsèques de sa femme qui sera inhumée au Havre.

 

LA TELEVISION

Une première en France :

les français regardent l'élection de René Coty à la télé.

C'est en décembre 1952 que pour la première fois les caméras de télé entrent à l'Elysée pour retransmettre les voeux de nouvel an de Vincent Auriol.

En décembre 1958, l'élection de René Coty est suivi par la télé. La France ne compte que 70000 postes de télévision.

Pierre Sabbagh en est le réalisateur, Claude Darget s'occupe des interviews des délégués, Claude Perrot collecte les infos dans les couloirs, Roger Debouzy s'occupe de l'analyse politique.

Grâce aux caméras placées un peu partout (salle du conseil, en dehors du château de Versailles, dans la salle des pas perdus...), les français suivent l'élection pas à pas.

Mais si cette présence fascine les hommes politiques elle fait aussi peur, de plus cette élection est longue, la crainte s'installe (que vont penser les français !), la retransmission sera interrompue au bout du 6eme jour du Congrès.

Pierre Sabbagh dira : "ça y est, les hommes politiques ont découverts la télévision. Il ne vont plus nous lacher...".

 


 


Pour en savoir plus

Sur le Web

  • INA. - L'entrée du président Coty, les actualités françaises 31/12/1953 link
  • Sénat link
  • INA. - René Coty, élu président de la République link
  • Elysée "René Coty" link
  • L'affaire Jules Durand, un forfait judiciaire au Havre link
  • Il y a cent ans un Dreyfus ouvrier (le Monde diplomatique) link
  • La résurrection du "Dreyfus ouvrier", (Libération, 7 mars 2011) link
  • Le bloc des gauches link

 

A lire

  • La politique des grands travaux en France (loi Siegfried), 1929-1939.
  • Histoire de la télévision française de 1935 à  nos jours, Isabelle Veyrat-Masson et Monique Sauvage (février 2012).



 

 

Prochain épisode :

La 5eme République, Charles de Gaulle, 1959-1969.

 

 

 

cochon d'inde 3Papatte à tous

Rastacoco

 

 


 



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commentaires

M
the sharing here about the 4th Republic René Coty lawyer Jules Durand is a good and informative one that includes the detailed information of the achievements and tasks of the President. very well and impressively presented here and i wish to see more here.
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R
Merci pour votre commentaire.<br /> J'essaie de proposer prochainement de nouveaux articles sur les hommes politiques français.