Valéry Giscard d'Estaing
1974-1981
Naissance le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne), fils Edmond Giscard, inspecteur des finances est
en poste en Rhénanie et de May Bardoux. Quelques mois après sa naissance, son père est rappelé à Paris. Il fait ses étude au Lycée Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand puis à l'école Gerson et aux
Lycées Janson-de-Sailly et Louis-le-Grand à Paris.
En août 1944, il participe à la Libération de Paris et s'engage dans la 1ere armée du général de Lattre de Tassigny. Après huit mois de campagne et 28 jours au combat, il est décoré de la Croix
de guerre 1939-1945.
En 1945 il retourne au lycée Louis-le-Grand et réussi le concours de l'École polytechnique. En juin 1948 il entre à l'École nationale d'administration (Ena). Étant sorti 6eme de cette
école il peut entré à l'Inspection générale des finances (1952).
Entre 1952 en 1954, il sera successivement adjoint à l'Inspection des finances et inspecteur des finances.
En 1954, il est Directeur adjoint du cabinet d'Edgar Faure puis il devient député du Puy-de-Dôme (1956-1959.
Entre 1956-1957; il est membre de la délégation française à la XIe session de l'Assemblée générale des Nations Unies,
De 1958 à 1974 conseiller général du canton de Rochefort-Montagne.
En janvier 1959, il est Secrétaire d'Etat aux Finances. En1962, Michel Debré alors premier ministre du général de Gaulle le propose au poste de ministre des finances et des affaires économiques.
Il est nommé le 19 janvier 1962. Suite à l'élection présidentielle de 1966, le général de Gaulle le remplacera par Michel Debré.
De 1966 à 1967, il retourne à l'inspection générale des finances et est élu maire de Chamalières (il le restera jusqu'en 1974).
Fondateur de la Fédération nationale des républicains indépendants (FNRI), il soutient en 1969 l'entrée de l'Angleterre dans la Communauté économique européenne (CEE). Il deviendra par la suite
Président de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan de l'Assemblée nationale.
Il appelle à voter non au référendum du 27 avril 1969, entraînant la démission du général de Gaulle (lien). Il soutient la candidature de Georges Pompidou.
Georges Pompidou élu, celui-ci lui confie le ministère de l'économie et des finances ( Les Présidents de la République. - 5eme République : Georges
Pompidou )
Le 2 avril 1974, Georges Pompidou décède, en attendant l'organisation de nouvelles élections, Alain Poher assure l'intérim de la présidence ( Les Présidents de la République. - 5eme République : Alain Poher ).
Le 8 avril 1974, Giscard d'Estaing annonce sa candidature à la présidence. Il est soutenu par les Républicains indépendants et par une partie de l'Union pour la défense de la République qui deviendra en 1976 le Rassemblement pour la république (RPR).
Élections présidentielles des 5 et 19 mai 1974
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Premier tour 5 mai 1974 |
Deuxième tour 19 mai 1974 |
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Nombre |
% inscrits |
% votants |
Nombre |
% inscrits |
% votants |
|
Inscrits |
30 602 953 |
|
|
30 600 775 |
|
|
Abstentions |
4 827 210 |
15,77 |
|
3 876 180 |
12,67 |
|
Votants |
25 775 743 |
84,23 |
|
26 724 595 |
87,33 |
|
Nuls |
237 107 |
|
0,92 |
356 788 |
|
1,34 |
Suffrages exprimés |
25 538 638 |
|
99,08 |
26 367 808 |
|
98,66 |
|
Premier tour 5 mai 1974 |
Deuxième tour 19 mai 1974 |
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Voix |
% inscrits |
% exprimés |
Voix |
% inscrits |
% exprimés |
|
François Mitterrand |
11 044 373 |
36,09 |
43,25 |
12 971 604 |
42,39 |
49,19 |
Valéry Giscard d'Estaing |
8 326 774 |
27,21 |
32,6 |
13 396 203 |
43,78 |
50 81 |
Jacques Chaban-Delmas |
3 857 728 |
12,61 |
15,11 |
Source : Bulletin officiel du Ministère de l'Intérieur, mai-juin 1974. |
||
Jean Royer |
810 540 |
2,65 |
3,17 |
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Arlette Laguiller |
595 247 |
1,95 |
2,33 |
|||
René Dumont |
337 800 |
1,1 |
1,32 |
|||
Jean-Marie Le Pen |
190 921 |
0,62 |
0,75 |
|||
Emile Muller |
176 279 |
0,58 |
0,69 |
|||
Alain Krivine |
93 990 |
0,31 |
0,37 |
|||
Bertrand Renouvin |
43 722 |
0,14 |
0,17 |
|||
Jean-Claude Sebag |
42 007 |
0,14 |
0,16 |
|||
Guy Héraud |
19 255 |
0,06 |
0,08 |
Giscard d'Estaing est élu le 19 mai 1974 Président de la République. C'est le plus jeune président élu (48 ans). Il nomme Jacques Chirac comme premier ministre. Mais les relations sont difficiles entre les deux hommes et Jacques Chirac démissionnera et sera remplacé par Raymond Barre le 27 août 1976.
C'est pendant son septennat que d'importantes réformes qui modifieront la société verront le jour : l'abaissement de l'âge de la majorité (18 ans au lieu de 21 ans), l'interruption volontaire de grossesse, le retour de la France au système monétaire européen, le divorce par consentement mutuel...
Chronologie de l'Interruption volontaire de grossesse (IVG)
31/07/1920 : l'avortement est interdit
Le gouvernement souhaite augmenter les naissances. La contraception est passible de prison et l'avortement de la peine de mort.
1942
L'avortement est déclaré « Crime contre l'Humanité ». Marie-Louise Giraud sera guillotinée en 1943 pour avoir pratiqué des avortements.
28/12/1967 : vote de la loi Neuwirth
La contraception est autorisée mais pas remboursée par la Sécurité sociale. L'avortement est toujours interdit.
26/08/1970 : naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF)
Plusieurs groupes de tendance politique différente apparaissent. Leurs actions ont pour but la protection des femmes, la lutte pour ses droits et contre toute violence, le droit à l'avortement.
05/04/1971 : manifeste des 343
343 femmes dont certaines très connues comme Catherine Deneuve, Jeanne Moreau, Françoise Sagan reconnaissent avoir avorté et signent une pétition pour ce droit. C'est un énorme scandale.
11/10/1972 : le procès de Bobigny
Cinq femmes sont inculpées, Marie-Claire une jeune fille de 16 ans qui avait avorté après un viol, sa mère et trois autres femmes accusées de l'avoir aidée.
Elle avait été dénoncé par son violeur qui soupçonné dans un vol d'auto espérait que les policiers le laisseraient tranquille.
Après avoir lu l'ouvrage de Gisèle Halimi, la mère contacte cette avocate et lui demande de les défendre.
Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir décident d'en faire un procès politique.
D'abord jugée à huis clos, Marie-Claire étant mineure, le jugement est rendu publique par la suite. De nombreuses femme (dont celle du manifeste des 343) et plusieurs manifestantes y assistent. La foule dehors scande des slogans pour le droit à l'avortement, une manifestation MLF est organisée et brutalement réprimée sur les ordre du Ministre de l'intérieur.
Si Marie-Claire est relaxée, parce que considérée comme ayant souffert de « contraintes d'ordre moral, social, familial, auxquelles elle n'avait pu résister », les autres femmes risquent gros.
L'audience se tient le 8 novembre 1972. Des scientifiques, des biologistes, des hommes politiques, des personnalités viendront témoigner pour en faveur de ses femmes : Jean Rostand, Jacques Monod et François Jacob, Paul Milliez médecin catholique fervent qui recevra par la suite un blâme de l'Ordre des médecins, Michel Rocard, Françoise Fabian, Delphine Seyrig...
Sa mère sera condamnée à 500 F. d'amende avec sursis, elle fait appel du jugement mais le ministère public laisse passer le délai de prescription, elle ne sera donc jamais condamnée. Ces deux collègues sont relaxées bien qu'elles aient avoué l'avoir aidé, celle ayant pratiqué l'avortement sera condamnée à un an de prison avec sursis.
Bien que le procureur est interdit aux journalistes la publication des débats, ceux-ci s'empressent de désobéir. Aucun journaliste ne sera inquiété.
17/01/1975 : vote de la loi Veil
Après un débat houleux, Madame Simone Veil, Ministre de la Santé fait voter avec le soutien des voix de gauche un texte autorisant l'avortement. La loi est votée pour une période de cinq ans et sera reconduite en 1979.
Simone Veil
Naissance le 13 juillet 1927 à Nice. Haut fonctionnaire de la magistrature, elle est ministre de la santé en mai 1974. Elle fait adopter la loi Veil qui dépénalise l'avortement. Il lui faudra beaucoup de courage pour défendre et faire passer ce texte et elle subira de violentes attaques des mouvements religieux mais aussi de ses confrères politiques.
Voir : « Simone Veil et son projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse », 26/11/1974 – 02min14s, source : INA. link
Bien que globalement favorable à l'abolition de la peine de mort, il accordera la grâce présidentielle à quatre condamnés à mort mais la refusera pour trois autres. Il considère que la peine de mort à « un effet dissuasif » notamment lorsque « les victimes sont des enfants ou des femmes maltraitées »
voir : « Giscard d'Estaing ne regrette pas d'avoir refusé sa grâce à Ranucci », AFP, 8 oct. 2010 link
« Les années Giscard » seront marquées aussi par deux catastrophes écologiques le 16 mars 1978 le naufrage de l'Amoco Cadiz (16 mars 1978) et celui du Tanio (7 mars 1980) provoqueront des marées noires sur les côtes bretonnes.
C'est aussi en 1979, la création de l'ECU (unité monétaire européenne) et le 27 mars de cette même année le début de la seconde crise pétrolière, l'OPEP ayant décidé une augmentation de 20 %.
De faits divers, des affaires non élucidées jalonneront son septennat : l'affaire des diamants de Bokassa (le Canard enchaîné accuse le président d'avoir reçu de Bokassa 1er des diamants en cadeau), le Ministre du travail Robert Boulin accusé toujours par le Canard enchaîné d'avoir acquis une garrigue de manière illégale est retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet, l'assassinat de l'ancien ministre Joseph Fontanet dont l'enquête n'a jamais abouti.
Le nom de Valéry Giscard d'Estaing apparaît aussi dans l'affaire des avions renifleurs, escroquerie au détriment d'Elf Aquitaine pour financer des avions censé détecter les gisements de pétrole.
Le 2 mars 1981, Valéry Giscard d'Estaing annonce qu'il brigue un second mandat.
Le 26 avril 1981, il arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle.
Le 10 mai 1981, il perd le second tour de l'élection. Il prononcera un discours de fin de mandat au journal télévisé de la 2 qui restera célèbre (Voir).
Voir: Battu par François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing fait ses adieux solennels aux Français puis se lève et quitte la pièce. Il ne reste alors plus à l'écran que sa chaise vide.
INA, 19 mai 1981, Antenne 2. link
Après la présidence
Depuis 1981, membre de droit du Conseil constitutionnel,
1982-1988, conseiller général du Puy-de-Dôme (canton de Chamalières),
1984-1989, député UDF du Puy-de-Dôme 2e circonscription,
Depuis 1986, président du Conseil régional d'Auvergne.
Européen convaincu, il fait partie des principaux rédacteurs de la Constitution européenne, il
milite pour le oui au référendum sur le traité constitutionnel européen.
Famille
Il épouse Anne-Aymone Sauvage de Brantes (fille du comte romain François Sauvage de Brantes) le 17 décembre 1952. Ils auront quatre enfants : Valérie Anne, Henri, Louis et Jacinthe.
Prochain épisode :
François Mitterrand, 1981-1995
Papattes à tous
Rastacoco